Depuis mi-mars dernier, nous avons appris à vivre le « confinement ». Installés confortablement dans nos coquilles plus ou moins grandes, nous avons pris le temps de réfléchir, de profiter de notre famille, nous avons découvert de nouvelles façons de travailler… Nous avons aussi été beaucoup connectés, et avons appris par nos dirigeants et les médias de nouveaux mots de vocabulaire !
Petit rappel étymologique, « confiner » vient du latin « com » qui signifie « avec » et « finis » qui peut se traduire par « limite, frontière ». Chez Rousseau ou chez Bossuet (et d’après le Littré), le verbe signifiait « qui touche aux limites de », « qui est proche de ». N’est-il pas amusant de constater qu’aujourd’hui les recommandations ont repris le sens initial pour en faire un interdit. Ainsi « être confiné » engagerait aujourd’hui à : « ne pas se toucher, ne pas être proche de »…
Autre question de vocabulaire qui m’interpelle: la « distanciation sociale » plutôt que « distanciation physique ». Il ne s’agit pas d’établir une distance entre les corps ? Doit-on comprendre « distance de société », « de niveau social » ? Reprenons l’étymologie latine : « social » signifie « compagnon », « associé »… Devons-nous nous tenir à distance de nos compagnons et associés et pas des étrangers ?
Loin de ces impertinences de vocabulaire et au sortir de nos cocons, nous sommes désormais invités à émerger prudemment de nos coquilles… L’œil perché au bout de nos antennes, nous avançons avec précaution pour envisager notre nouvel environnement : a-t-il radicalement changé ou seuls certains jalons ont été déplacés. C’est ce que nous allons découvrir dans les semaines à venir. L’émergence de nouveaux repères, la sensation d’un monde à envisager différemment, l’idée que tout est possible et que le retour en arrière n’est pas envisageable, sont, à l’image d’une page blanche, certes anxiogènes mais aussi une formidable ouverture puissante et créative, à inventer…